12 décembre, 2006

JOSE NUNEZ

Juan Manuel Notre Grand père, le fils aîné de Pedro a-t-il subi la crise minière dès 1902 ?
- a-t-il participé dès l’âge de 15 ans à l’exploitation minière quand celle ci a été constitué en 1892
- quand il décide de partir en 1909, dans quel état était la mine ? (a-t-il essayé de la vendre ou de la louer…)
- en était il toujours le propriétaire ou avait il rejoint la cohorte des mineurs devenus salariés des grandes compagnies
- a-t-il participé aux grèves de 1902 ?
- habitait il toujours dans la maison de la Calle Hileros ?
- son père Pedro était il toujours vivant ?
Ces questions sans réponse, nous obligent à revenir à l’histoire connue de la famille, à partir du moment où Juan Manuel décide de quitter l’Espagne pour l’Algérie.
Cet événement est simultané au mariage de Juan Manuel avec Damiana Haro Garcia.
Jeune marié, chargé de famille Juan Manuel se voit contraint à immigrer pour subvenir aux besoins de sa famille.
Juan Manuel De Haro Simon et Damiana Haro Garcia se marient en 1909 ou en 1908
Leur premier enfant Pierre né à Vera le 12 janvier 1910, permet de dater le mariage, au mieux, dans une période de temps située avant le 12 avril, sans que nous puissions dire précisément quand.
Ainsi, Juan Manuel, après avoir épousé Damiana, la fille de José De Haro Léon (1850-1908) et de Antonia Garcia Molina, (1850-1901), après lui avoir fait un premier enfant, qui portera le nom de son père Pedro, est contraint de Quitter Vera, sans contrat de travail précis, pour finalement se retrouver salarié agricole sur l’exploitation de M Vives en Algérie, à Aïn-El-Arba.
Nous ne pouvons, hélas, qu’imaginer le départ de Juan Manuel.
Cela se passait un matin, de l’année 1909, sans que nous puissions donner plus de précision.
Les monographies de familles pieds noirs d’origine espagnole sont pleines de ces histoires de mineurs ruinés partant s’embaucher comme salariés en Algérie.
[i]
On voit la jeune épouse de 28 ans, Damiana, son ventre déjà rond, accompagner Juan Manuel sur le perron de la maison de la Calle Hileros.
Ils s’enlacent tendrement, elle pleure, il cherche a la rassurer, le regard déjà lointain, guettant son frère Francisco, car ils doivent sans délai partir pour Almeria ou les attends le bateau pour Oran
[ii]
Comment ont ils voyagé pour faire les 93 kilomètres qui séparent Vera d’Almeria,
Ont ils pris le train a Zurgena, ou emprunté en Bus, la magnifique route de corniche, qui permet, tout le long du chemin, de scruter le long de la montagne, riche en minerais de toute sorte, les petites maisons de mineurs, les hauts fourneaux et les tunnels de glaise qui serpentent indéfiniment vers la mer.
Constataient ils avec regret que la plupart des hauts fourneaux étaient éteints, ou avaient ils le cœur brisé et meurtri, en voyant fumer les cheminées de leurs anciens voisins et collègues de mine, dans ces endroits qui hier encore leur garantissaient des conditions de vie décentes.
Le présent sous leurs yeux, devenait leur passé au fur et a mesure qu’ils progressaient vers Almeria.
Quel futur imaginaient ils alors, pour eux, leur famille et leur descendance, en filant vers le port et le bateau qui devait les conduire a Oran ?
A Vera, Damiana s’était elle précipitée chez ses parents, au 15 de la Calle de la Inclusa , pour y retrouver Rosa et Beatriz ses sœurs, et le réconfort dont elle avait besoin dans son état ?
Nous avons jusqu’à présent peu parlé de la famille de Damiana.
Son père Jose Deharo Leon était métallurgiste de son état, il avait donc profité de la prospérité des mines pour s’établir dans les industries de transformation périphériques de l’activité minière.
Comment avait il perçu le mariage de Damiana avec Juan Manuel et comment réagit il à la décision prise par ce dernier d’émigrer et à terme d’entraîner sa femme et son fils dans cette aventure ?
Lui servait il sans cesse l’exemple de Beatriz, de cinq ans son aînée, qui avait épousé sept années plus tôt, Bartolome Nunez Segura, un compagnon maçon de Vera, dont nous allons maintenant conter l’histoire.
Jose-Antonio, 2ème enfant de la famille Nuñez Haro de Vera (Almeria) candidat malgré lui à l’émigration.
Lors de l’émigration de notre grand père maternel, Jose Antonio avait 2 ans.
Il ignorait alors que la décision du père de sa future femme, Denise, inscrivait déjà l’émigration dans son avenir personnel.
En effet, sa mère Beatriz Maria Haro Garcia était la sœur de notre grand mère maternelle Damiana Haro Garcia.
Ce lien très fort entre les deux sœurs allait déterminer une grand partie des événements conditionnant le déroulement de l’histoire des deux familles.
Ce lien se traduit notamment au travers des patronymes communs, ou proches, que les officiers d’Etat Civil d’Aïn-El-Arba ont contribué à embrouiller.
L’analyse des documents d’Etat Civil espagnols permet de rétablir les patronymes originaux, tels que retracés dans le tableau ci dessous.

GRANDS PARENTS PATERNELS GRANDS PARENTS MATERNELS
Bartolome Nuñez Segura Damiana Haro Garcia
Beatriz Haro Garcia Juan Manuel de Haro Cervantes

PARENTS
Jose Antonio Nuñez Haro
Denise Haro de Haro

Au terme des traditions patronymiques espagnoles, notre père répondait selon l’Etat Civil au nom de Nuñez Haro et notre mère au nom de Haro de Haro.
Les orthographes résultent des documents notariés, pour le patronyme de Haro (dont nous confirmons l’écriture de Haro) et des documents d’Etat Civil espagnols pour les autres.
La confusion des documents d’Etat Civil français consiste essentiellement à mélanger les patronymes Haro et de Haro.
C’est le cas sur notre livret de famille, et l’acte de mariage de nos parents, où les noms suivants sont attribués

GRANDS PARENTS PATERNELS GRANDS PARENTS MATERNELS
Bartolome Nuñez Segura Damiana Deharo Garcia
Beatriz de Haro Garcia Juan Manuel Haro Cervantes


PARENTS
Jose Antonio Nuñez de Haro
Denise Haro de Haro

Cette même erreur est également présente sur les cartes d’identité de Juan Manuel et celle de Rosa sa belle sœur, toutes les deux établies par la Préfecture d’Oran le 31 décembre 1925.
Ces précisions apportées, revenons au jeune Jose-Antonio Nuñez Haro.
Entre 1907-1922, date supposée de son arrivée en Algérie, le jeune garçon est confronté à plusieurs douleurs qui expliquent le détachement apparent de son comportement.
Détachement apparent des choses et des personnes, qui le conduisent à préférer quelquefois la superficialité des bars et des chansons à la profondeur des relations sociales.
La mort de sa mère, Beatriz, en 1914 , le condamne à devoir travailler chez l’un de ses oncles boulanger de son état.
C’est dans ce travail qu’à l’âge de 8 ans il perd dans le pétrin mécanique, l’index, le majeur et l’annulaire de la main gauche.
Cette main, avec deux doigts développés et un moignon, marquait les enfants que nous étions, quand nous la voyions se saisir du volant de la voiture ou manier non sans habileté une fourchette.
Durant cette période, son père Bartolome, artisan maçon de son état, tente lui aussi l’aventure de l’immigration, mais vers l’Argentine.
Le jeune José, et sa sœur Lucia sont élevés par Rosa la sœur de Beatriz, femme sévère, qui donne une éducation rude à ses neveux.
Mon père ne nous a jamais raconté les souvenirs de cette enfance.
Notre tante Lucia, sur la fin de sa vie, et notamment alors que je la raccompagnais chez elle, après l’enterrement de son frère en 1994, s’était laissé aller à quelques confidences sur cette époque.
Dans ses paroles entrecoupées de sanglots , il était question d’un petit poulailler dans lequel la Cha Cha Rosa, les enfermait, et aussi de la hargne que la jeune Lucia (elle parlait d’elle alors à la 3ème personne), mettait à défier la tante honnie, à la provoquer, pour éloigner la colère de la tante.
Elle décrivait alors mon père comme un jeune garçon timide, effrayé, qu’elle poussait, bien que plus jeune que lui de 3 années, à s’affirmer.
Dans ces moments là, elle nous comparait, les fils de José, à notre père, enfants timides, gentils et pour tout dire un peu naïfs.
[i]
[ii] On prêtera aux jeunes époux les dialogues que Alvarez de Sotomayor met dans la bouche de ses héros de la pièce de théâtre, « Pan de sierra », Andres le mineur de 25 ans, sa mère Maria et sa femme Juanica.
Andres :La sirène nous appelle au travail
Maria : Fils, n’y répond pas, ne va pas à la mine aujourd’hui
Le pain que tu nous en rapporte a le goût du poison
Andres : Rentre tranquille à la maison, à la fin de ce mois, après la paye nous quitterons ces lieux

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