12 décembre, 2006

LES PARENTS A LA BARRIERE

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LES PARENTS DE DENISE (2)


Quel futur imaginaient ils alors, pour eux, leur famille et leur descendance, en filant vers le port et le bateau qui devait les conduire a Oran ?
A Vera, Damiana s’était elle précipitée chez ses parents, au 15 de la Calle de la Inclusa , pour y retrouver Rosa et Beatriz ses sœurs, et le réconfort dont elle avait besoin dans son état ?
Nous avons jusqu’à présent peu parlé de la famille de Damiana.Son père Jose Deharo Leon était métallurgiste de son état, il avait donc profité de la prospérité des mines pour s’établir dans les industries de transformation périphériques de l’activité minière.
Comment avait il perçu le mariage de Damiana avec Juan Manuel et comment réagit il à la décision prise par ce dernier d’émigrer et à terme d’entraîner sa femme et son fils dans cette aventure ?
Lui servait il sans cesse l’exemple de Beatriz, de cinq ans son aînée, qui avait épousé sept années plus tôt, Bartolome Nunez Segura, un compagnon maçon de Vera, dont nous allons maintenant conter l’histoire.

LES PARENTS DE DENISE


Ainsi, Juan Manuel, après avoir épousé Damiana, la fille de José De Haro Léon (1850-1908) et de Antonia Garcia Molina, (1850-1901), après lui avoir fait un premier enfant, qui portera le nom de son père Pedro, est contraint de Quitter Vera, sans contrat de travail précis, pour finalement se retrouver salarié agricole sur l’exploitation de M Vives en Algérie, à Aïn-El-Arba.
Nous ne pouvons, hélas, qu’imaginer le départ de Juan Manuel.
Cela se passait un matin, de l’année 1909, sans que nous puissions donner plus de précision.
On voit la jeune épouse de 28 ans, Damiana, son ventre déjà rond, accompagner Juan Manuel sur le perron de la maison de la Calle Hileros.
Ils s’enlacent tendrement, elle pleure, il cherche a la rassurer, le regard déjà lointain, guettant son frère Francisco, car ils doivent sans délai partir pour Almeria ou les attends le bateau pour Oran
[i]
Comment ont ils voyagé pour faire les 93 kilomètres qui séparent Vera d’Almeria,Ont ils pris le train a Zurgena, ou emprunté en Bus, la magnifique route de corniche, qui permet, tout le long du chemin, de scruter le long de la montagne, riche en minerais de toute sorte, les petites maisons de mineurs, les hauts fourneaux et les tunnels de glaise qui serpentent indéfiniment vers la mer.
Constataient ils avec regret que la plupart des hauts fourneaux étaient éteints, ou avaient ils le cœur brisé et meurtri, en voyant fumer les cheminées de leurs anciens voisins et collègues de mine, dans ces endroits qui hier encore leur garantissaient des conditions de vie décentes.
Le présent sous leurs yeux, devenait leur passé au fur et a mesure qu’ils progressaient vers Almeria.

JOSE NUNEZ

Juan Manuel Notre Grand père, le fils aîné de Pedro a-t-il subi la crise minière dès 1902 ?
- a-t-il participé dès l’âge de 15 ans à l’exploitation minière quand celle ci a été constitué en 1892
- quand il décide de partir en 1909, dans quel état était la mine ? (a-t-il essayé de la vendre ou de la louer…)
- en était il toujours le propriétaire ou avait il rejoint la cohorte des mineurs devenus salariés des grandes compagnies
- a-t-il participé aux grèves de 1902 ?
- habitait il toujours dans la maison de la Calle Hileros ?
- son père Pedro était il toujours vivant ?
Ces questions sans réponse, nous obligent à revenir à l’histoire connue de la famille, à partir du moment où Juan Manuel décide de quitter l’Espagne pour l’Algérie.
Cet événement est simultané au mariage de Juan Manuel avec Damiana Haro Garcia.
Jeune marié, chargé de famille Juan Manuel se voit contraint à immigrer pour subvenir aux besoins de sa famille.
Juan Manuel De Haro Simon et Damiana Haro Garcia se marient en 1909 ou en 1908
Leur premier enfant Pierre né à Vera le 12 janvier 1910, permet de dater le mariage, au mieux, dans une période de temps située avant le 12 avril, sans que nous puissions dire précisément quand.
Ainsi, Juan Manuel, après avoir épousé Damiana, la fille de José De Haro Léon (1850-1908) et de Antonia Garcia Molina, (1850-1901), après lui avoir fait un premier enfant, qui portera le nom de son père Pedro, est contraint de Quitter Vera, sans contrat de travail précis, pour finalement se retrouver salarié agricole sur l’exploitation de M Vives en Algérie, à Aïn-El-Arba.
Nous ne pouvons, hélas, qu’imaginer le départ de Juan Manuel.
Cela se passait un matin, de l’année 1909, sans que nous puissions donner plus de précision.
Les monographies de familles pieds noirs d’origine espagnole sont pleines de ces histoires de mineurs ruinés partant s’embaucher comme salariés en Algérie.
[i]
On voit la jeune épouse de 28 ans, Damiana, son ventre déjà rond, accompagner Juan Manuel sur le perron de la maison de la Calle Hileros.
Ils s’enlacent tendrement, elle pleure, il cherche a la rassurer, le regard déjà lointain, guettant son frère Francisco, car ils doivent sans délai partir pour Almeria ou les attends le bateau pour Oran
[ii]
Comment ont ils voyagé pour faire les 93 kilomètres qui séparent Vera d’Almeria,
Ont ils pris le train a Zurgena, ou emprunté en Bus, la magnifique route de corniche, qui permet, tout le long du chemin, de scruter le long de la montagne, riche en minerais de toute sorte, les petites maisons de mineurs, les hauts fourneaux et les tunnels de glaise qui serpentent indéfiniment vers la mer.
Constataient ils avec regret que la plupart des hauts fourneaux étaient éteints, ou avaient ils le cœur brisé et meurtri, en voyant fumer les cheminées de leurs anciens voisins et collègues de mine, dans ces endroits qui hier encore leur garantissaient des conditions de vie décentes.
Le présent sous leurs yeux, devenait leur passé au fur et a mesure qu’ils progressaient vers Almeria.
Quel futur imaginaient ils alors, pour eux, leur famille et leur descendance, en filant vers le port et le bateau qui devait les conduire a Oran ?
A Vera, Damiana s’était elle précipitée chez ses parents, au 15 de la Calle de la Inclusa , pour y retrouver Rosa et Beatriz ses sœurs, et le réconfort dont elle avait besoin dans son état ?
Nous avons jusqu’à présent peu parlé de la famille de Damiana.
Son père Jose Deharo Leon était métallurgiste de son état, il avait donc profité de la prospérité des mines pour s’établir dans les industries de transformation périphériques de l’activité minière.
Comment avait il perçu le mariage de Damiana avec Juan Manuel et comment réagit il à la décision prise par ce dernier d’émigrer et à terme d’entraîner sa femme et son fils dans cette aventure ?
Lui servait il sans cesse l’exemple de Beatriz, de cinq ans son aînée, qui avait épousé sept années plus tôt, Bartolome Nunez Segura, un compagnon maçon de Vera, dont nous allons maintenant conter l’histoire.
Jose-Antonio, 2ème enfant de la famille Nuñez Haro de Vera (Almeria) candidat malgré lui à l’émigration.
Lors de l’émigration de notre grand père maternel, Jose Antonio avait 2 ans.
Il ignorait alors que la décision du père de sa future femme, Denise, inscrivait déjà l’émigration dans son avenir personnel.
En effet, sa mère Beatriz Maria Haro Garcia était la sœur de notre grand mère maternelle Damiana Haro Garcia.
Ce lien très fort entre les deux sœurs allait déterminer une grand partie des événements conditionnant le déroulement de l’histoire des deux familles.
Ce lien se traduit notamment au travers des patronymes communs, ou proches, que les officiers d’Etat Civil d’Aïn-El-Arba ont contribué à embrouiller.
L’analyse des documents d’Etat Civil espagnols permet de rétablir les patronymes originaux, tels que retracés dans le tableau ci dessous.

GRANDS PARENTS PATERNELS GRANDS PARENTS MATERNELS
Bartolome Nuñez Segura Damiana Haro Garcia
Beatriz Haro Garcia Juan Manuel de Haro Cervantes

PARENTS
Jose Antonio Nuñez Haro
Denise Haro de Haro

Au terme des traditions patronymiques espagnoles, notre père répondait selon l’Etat Civil au nom de Nuñez Haro et notre mère au nom de Haro de Haro.
Les orthographes résultent des documents notariés, pour le patronyme de Haro (dont nous confirmons l’écriture de Haro) et des documents d’Etat Civil espagnols pour les autres.
La confusion des documents d’Etat Civil français consiste essentiellement à mélanger les patronymes Haro et de Haro.
C’est le cas sur notre livret de famille, et l’acte de mariage de nos parents, où les noms suivants sont attribués

GRANDS PARENTS PATERNELS GRANDS PARENTS MATERNELS
Bartolome Nuñez Segura Damiana Deharo Garcia
Beatriz de Haro Garcia Juan Manuel Haro Cervantes


PARENTS
Jose Antonio Nuñez de Haro
Denise Haro de Haro

Cette même erreur est également présente sur les cartes d’identité de Juan Manuel et celle de Rosa sa belle sœur, toutes les deux établies par la Préfecture d’Oran le 31 décembre 1925.
Ces précisions apportées, revenons au jeune Jose-Antonio Nuñez Haro.
Entre 1907-1922, date supposée de son arrivée en Algérie, le jeune garçon est confronté à plusieurs douleurs qui expliquent le détachement apparent de son comportement.
Détachement apparent des choses et des personnes, qui le conduisent à préférer quelquefois la superficialité des bars et des chansons à la profondeur des relations sociales.
La mort de sa mère, Beatriz, en 1914 , le condamne à devoir travailler chez l’un de ses oncles boulanger de son état.
C’est dans ce travail qu’à l’âge de 8 ans il perd dans le pétrin mécanique, l’index, le majeur et l’annulaire de la main gauche.
Cette main, avec deux doigts développés et un moignon, marquait les enfants que nous étions, quand nous la voyions se saisir du volant de la voiture ou manier non sans habileté une fourchette.
Durant cette période, son père Bartolome, artisan maçon de son état, tente lui aussi l’aventure de l’immigration, mais vers l’Argentine.
Le jeune José, et sa sœur Lucia sont élevés par Rosa la sœur de Beatriz, femme sévère, qui donne une éducation rude à ses neveux.
Mon père ne nous a jamais raconté les souvenirs de cette enfance.
Notre tante Lucia, sur la fin de sa vie, et notamment alors que je la raccompagnais chez elle, après l’enterrement de son frère en 1994, s’était laissé aller à quelques confidences sur cette époque.
Dans ses paroles entrecoupées de sanglots , il était question d’un petit poulailler dans lequel la Cha Cha Rosa, les enfermait, et aussi de la hargne que la jeune Lucia (elle parlait d’elle alors à la 3ème personne), mettait à défier la tante honnie, à la provoquer, pour éloigner la colère de la tante.
Elle décrivait alors mon père comme un jeune garçon timide, effrayé, qu’elle poussait, bien que plus jeune que lui de 3 années, à s’affirmer.
Dans ces moments là, elle nous comparait, les fils de José, à notre père, enfants timides, gentils et pour tout dire un peu naïfs.
[i]
[ii] On prêtera aux jeunes époux les dialogues que Alvarez de Sotomayor met dans la bouche de ses héros de la pièce de théâtre, « Pan de sierra », Andres le mineur de 25 ans, sa mère Maria et sa femme Juanica.
Andres :La sirène nous appelle au travail
Maria : Fils, n’y répond pas, ne va pas à la mine aujourd’hui
Le pain que tu nous en rapporte a le goût du poison
Andres : Rentre tranquille à la maison, à la fin de ce mois, après la paye nous quitterons ces lieux

DENISE HARO 4


Le déclin de la mine du Nord Est d’Alméria
1912, dans les prémices de la 1ère guerre mondiale, marque le temps fort de la crise minière dans la région.
Dès 1902, cette crise provoque des fermetures de mines, des mouvements sociaux, et des grèves.
3000 ouvriers se réunissent à Cuevas en 1902, pour obtenir la journée de 12 heures, pour 2.50 Pesetas.
[i]
La crise contribue aussi à un phénomène de concentration, et de reprise des mines individuelles par les entrepreneurs qui avaient su mieux tirer partie de l’exploitation du minerai.
La Société ALMAGRERA SA située à Huelva est toujours propriétaire des terrains miniers de la sierra Almagrera et du village minier de Los Lobos, qui abritait presque un millier de personnes, souvent des anciens exploitants devenus salariés.
Cette société cotée en bourse a bénéficié de capitaux Français et Anglais notamment.
On trouve encore de vieux titres de participation au capital de la mine, en vente sur les sites de collectionneurs.
[ii]
Dans ce contexte économique particulier, les personnages en présence, nos aïeuls, ont des caractéristiques qui correspondent à une typologie conforme à celle révélée par toutes les monographies des familles pied-noirs originaires du nord est de la région d’Almeria.
Revenant à la particularité de notre famille, 4 types de questions peuvent être soulevées :
Juan Manuel de Haro Albarracin, mort en 1886, un notable de la région à la tête d’un patrimoine, transmis par ses parents, ou constitué de son vivant ?
En 1866, 20 ans avant de décéder, il transmet son patrimoine à ses 3 jeunes enfants, comme le laisse supposer la mention écrite dans les titres de propriété de 1886 du tribunal de Vera précise que les enfants sont propriétaires des différents biens pour les avoir hérité de leur père « hace mas de veinte años ».
La valeur du patrimoine transmis, une maison de 79 mètres carré, estimée à 525 Pesetas, une surface agricole dans des terrains miniers de 10 Ha 31 ares 21 Centiares d’une valeur de 750 pesetas soit 73 pesetas l’hectare, se monte à 1.275 Pesetas.
Ce montant est à comparer au salaire d’un mineur 2.50 Pesetas par Jour, il représente presque 2 années du salaire d’un mineur.
Pedro notre bisaïeul, que nous avons qualifié d’ « homme pressé », hérite de la mine au moment ou se profilait son déclin.
Né en 1860, Il a eu son premier fils, notre grand père Juan Manuel à 17 ans, (1877-1926), puis, 6 enfants au total avec Maria, Antonia, Francisco, Anita, Frasquita.
Il achète une maison en 1890, et entre dans le capital d’une société minière en 1892.
Il abandonne son travail de salarié agricole pour exploiter la mine, sans que nous sachions le rapport de cette exploitation minière pour la famille.
- Comment Pedro a-t-il géré cette mine ?
- Quelles étaient les relations avec les autres associés notamment les voisins sur le terrain ?
- Comment a-t-il subi la crise minière ?
- A quel âge est il mort ?
- Quel était l’état de ses biens alors ?
Qu’ont fait Ana Maria et Juan des biens hérités en même temps que Pedro, de Juan Manuel Albarracin ?
Les autres enfants de Pedro ont eu les itinéraires suivants, tels que nous les rapporte les souvenirs familiaux :
Francisco est parti travailler en Algérie avec Juan. Il a épousé Manuela Salmeron. Leurs enfants, François, Christophe et Carmen, ont résidé à Oran puis à Nice et ont toujours des contacts avec leur cousine Denise.
Maria a été placée, à l’âge de 18 ans, comme domestique dans une famille de catalans qui tenaient un magasin de tissus à Vera « la Catalana ». Elle est décédée en …. Nous avons rencontré notre grand tante en Espagne en 1967 et 1975, elle vivait à l époque à Albacete chez des médecins dont elle était l’employée de maison calle Dionisio Guardiola. Elle a toujours vécu seule.
Antonia habitait Motril; nous ignorons comment et pourquoi elle a quitté Vera pour cette ville côtière à 60 kilomètres au sud de Grenade. Elle a épousé un M Urrutia dont elle a eu plusieurs enfants, elle est décédée en 1989 à l’âge de 97 ans.
Frasquita est restée à Vera, mais nous n’avons aucune information sur sa vie après le départ de son frère Juan Manuel.
Anita, après son mariage à Aïn-El-Arba, avec M Manzano, est partie s’établir au Maroc, elle a séjournée plusieurs fois à Aïn-El-Arba.
[i] Le journal « El eco del levante » rend compte de ces événements, de larges extraits des articles de l’époque sont en ligne sur les sites suivants http://lacimbra.com/histo12_3.htm-http://www.educared.net/concurso2001/663/movimie.HTM
[ii]

DENISE HARO 3

L’exploitation des mines du Nord Est de la région d’Almeria à la fin du XIXème siècle et au début du XXème.
Les installations des mines de l’est de la région d’Alméria sont encore visible aujourd’hui dans la région de Los Lobos, petit village proche de los Cabezos Pelados, mais aussi vers Rodalquilar et El Plomo, qui porte bien son nom.
Le Parc Naturel de la région Cabo de Gata Nijar, organise des randonnées pédestres dans les vallées minières où l’on exploitait le plomb et l’or.
Les flancs de la montagne sont encore couverts de ces petites maisons de mines, de hauts fourneaux, et d’une succession de tunnels de
briques assemblées avec de la glaise, qui descendent vers la mer.
A las Herrerias, près de Los Lobos, on peut encore visiter de longs bâtiments, aujourd’hui abandonnés, qui abritaient aux dires du gardien, près de 3.000 salariés et leurs familles.
Rodalquilar, village fantôme, lui aussi abandonné, est constitué d’une multitude de maisons individuelles.
Les techniques d’exploitation sont décrites en détail, dans les documents récents du Parc Naturel qui a pris à son compte la réhabilitation de ce patrimoine économique et culturel. le minerai semble-t-il était extrait grossièrement, lavé, chauffé, et acheminé vers le bord de mer
par des voies de chemin de fer ou des câbles aériens.
[i]
On sait par ailleurs, selon l’ouvrage de JMM Alvarez de Sotomayor, que le village de Cuevas del Almanzora, a connu à cette époque, une richesse économique exceptionnelle, et qu’il était le centre d’activité le plus important de la région, après Alméria, du fait notamment de l’activité minière.
Le journal « El minero de Almagrera » rend compte des actualités de la mine, et nous apprenons que le N° 470 du 10-11-1883 parle de la mine Carmen que possédait le père de Sotomayor.
L’exploitation des mines de la région a commencé à l’époque pré-romaine, et a connu son apogée durant la fin du 19ème siècle et le début du 20ème.
Juan Manuel de Haro Albarracin
[i], mort en 1886 a-t-il été propriétaire de nombreux terrains miniers dont la vente progressive a assuré la richesse de la famille ?
Les terrains dont ont hérité ses enfants en 1866 étaient ils derniers ?
Il a bénéficié, dans la décade 1830-1840, de la découverte de nouveaux filons dans la sierra Almagrera, précisément à l’endroit où étaient localisées les fincas concernées par les titres de propriété de 1866.
[ii]
Notre trisaïeul Juan Manuel Albarracin, transmettait à ses enfant des terrains agricoles aux potentialités minières riches, à une période florissante pour la mine.
[i] Le nom Albarracin, sans que nous sachions s’il réfère à notre trisaïeul, est cité comme celui de l’un des compagnons de l’ingénieur Antonio de Falces Yesares, diplômé des Ponts et Chaussées qui a réalisé la majeure partie des travaux permettant l’exploitation des mines du NE d’Alméria
En el libro se aportan valiosos datos e informaciones sobre la minería argentífera de Almagrera entre 1838 y los años finales del XIX, la mayoría en relación directa con la vida personal y profesional de Falces y de sus personajes allegados, que eran muchos e importantes. Algunas de los apellidos que aparecen en esta obra, vuelven a aparecer años mas tarde en la ultima minería de metales preciosos de la provincia de Almería, la del oro de Rodalquilar. En ambos lugares encontramos personajes destacados que llevan apellidos como Abellán, Soler ó Albarracín, evidencia clara de que tras el declive de Almagrera, algunos de ellos prueban fortuna con el oro de Rodalquilar a finales del XIX y comienzos del siglo XX. (
http://www.ub.es/geocrit/b3w-537.htm)
[ii] Le regain d’intérêt pour les mines du Nord Est de la région d’Almeria est illustré par les nombreux ouvrages écrits, les études menées sur les sites, et la valorisation de ces sites dans le cadre du développement d’un tourisme tourné vers l’histoire de léa région et la valorisation du patrimoine économique et culturel.
[i] http://www.almeriware.net/almediam/Bajo_Almanzora/Almanzora_013.

DENISE HARO 2

Denise, 1ère fille de la famille Deharo Cervantes de Vera (Almeria) née en Algérie après l’émigration de ses parents
Notre mère est née le 4 juin 1914 à Oran en Algérie, au 9 de la rue de Milan.
En regardant un plan de la ville à l’époque, on apprend que la rue de Milan est dans le quartier juif et qu’elle relie la rue Friedland à la Place Blandon.
[i]
L’examen détaillé du plan de la ville, m’a permis de constater que jamais je n’avais eu l’occasion de passer par la rue de Milan.
Le périmètre de mes déambulations dans cette ville, me conduisait du quartier du port, lieu de résidence de mon parrain et de ma marraine Manuel et Carmen Gomez, à la rue d’Arzew, et à la place des Victoires.
Plus tard, j’ai connu, au 34 Rue de la Vieille Mosquée, la Clinique Cugnot, où je fus opéré de l’appendicite le 04 février 1960.
J’ai connu une autre rue de Milan, mais à Paris, près du métro Liège.
Mon employeur louait, dans les années 1980, des bureaux, précisément, au 9 de la rue de Milan.
Cet immeuble parisien du 19ème siècle, prend de ce fait, un nouvel intérêt, lorsqu’il m’arrive encore quelquefois d’y pénétrer.
Lorsque j’ interrogeai ma mère sur les conditions dans lesquelles ses parents avaient décidé de quitter l’Espagne pour l’Algérie, elle s’est montrée très diserte, et je regrettais, en l’écoutant, ne pas lui avoir posé plus tôt toutes ces questions.
Par la suite, en confrontant son récit, à la lecture d’un acte notarié de 1890, et de titres de propriété de 1886, je pense être parvenu à mieux comprendre ce qui a poussé, en 1909, mon grand père Juan Manuel De Haro Cervantes, alors âgé de 32 ans, et son frère Francisco à quitter la petite ville de Vera en Andalousie pour Ain-El-Arba en Algérie.
C’est Juan Manuel qui le premier de la famille s’est installé dans ce village où sont nés 2 générations de notre famille, entre 1909 et 1962, date à laquelle nous l’avons quitté pour la France.
Les mines du Nord Est d’Almeria creuset de nombreux flux migratoires
L’histoire commence, en fait, le 7 mars 1892 lorsque Pedro de Haro Simon, le père de mon grand père Juan Manuel, décide de faire entrer ses terrains agricoles des Cabezos Pelados dans une société minière curieusement dénommée Providencia y Amigos.
Ce comportement n’a rien de particulier dans la région entre 1825 et 1902, époque caractérisée par la fièvre minière.
L’histoire détaillée de ces ouvriers agricoles devenus mineurs est décrite par le menu dans l’ouvrage de référence de Andres Sanchez Picon, la mineria del levante almeriense.
[ii]
De nombreux écrits sur la Mine du Nord Est de la région d’Almeria nous éclairent également sur l’essor et le déclin de la région durant 60 années entre 1830 et la fin du XIXème siècle.
Pedro de Haro Simon a contribué à cet essor, ses enfants, en héritant de ses biens, n’en connaîtront que le déclin et se verront contraint de quitter la région.
La succession de Juan Manuel De Haro Albarracin
Pour compléter les éléments de contexte de données plus strictement familiales, nous disposons des copies des titres de propriété, établis par le Tribunal de grande instance de Vera, qui donnent l’état du patrimoine de Juan, Pedro, et Ana Maria, le 16 février 1886 à la mort de leur père, Juan Manuel De Haro Albarracin, notre trisaïeul.
L’héritage comportait deux types de biens ; des Fincas, exploitations agricoles de petite taille située dans la périphérie de Vera et de Cuevas del Almanzora. Principalement dans la Sierra Almagrera cette chaîne de moyenne montagne, qui regorge de minerais divers
[iii], et surplombe la mer Méditerranée entre Puerto Rey et Aguilas ; une maison d’habitation à Vera
Ana Maria (40 ans) héritait d’une Finca de 2 Ha 3 ares 91 centiares située commune de Vera aux lieux dits Cañava de Julian et Cabezos Pelados estimée à 250 Pesetas.
Juan (34 ans) héritait d’ une maison Calle Tahona N° 9, de 3.5 m de façade et de 22.5 m de profondeur, composée de 6 chambres au Rez de chaussée et d’une au premier étage, estimée à 525 Pesetas ; mais aussi d’ une Finca de 1 Ha 7 ares 32 centiares, située commune de Vera aux lieux dits Cañava de Julian et Cabezos Pelados estimée à 150 Pesetas et d’une Finca, la Garrobina, d’une superficie de 3 hectares 21 ares 97 centiares estimée à 100 Pesetas.
Pedro (26 ans) héritait de deux Fincas ; l’une de 1 Ha 68 ares 79 centiares située commune de Vera au lieu dit el Salador de los Carros estimée à 50 Pesetas et l’autre de 1 Ha 39 ares 52 centiares située commune de Vera aux lieux dits Cañava de Julian et Cabezos Pelados estimée à 200 Pesetas
On notera la différence de valeur des terrains agricoles, entre ceux qui sont situés dans la zone de minerai (Cabezos
[iv] Pelados) et ceux situés dans les zones salines (Salador de los carros) estimés cinq fois moins.
Le partage s’est essentiellement fait au profit de Juan, l’aîné des deux garçon.
Les titres rapportent que la fille aînée Ana Maria est mariée à Barnabe De Haro Garcia âgé de 50 ans. Le patrimoine de son mari explique peut être le fait qu’elle n’hérite que d’une petite part à la mort de son père.
Juan semblait plus fortuné que son frère, ou mieux initié aux affaires de son père.
Ce dernier possédait une maison et 5 fincas, un patrimoine honorable pour l’époque.
Il a d’ailleurs racheté à son frère et à sa sœur, les parts de la maison initialement mise en indivision, cela étant relaté dans les documents du Tribunal.
(y a excepcion de dos terceras partes de la casa que queda deslindada que corresponden al Juan de Haro Simon por haberlos comprado a los dicentes Pedro y Ana Maria de Haro Simon hace mas de seis meses
[v])
Une interrogation demeure, à la lecture des titres de propriété, notamment lorsqu’il est écrit :
Que la anteriores Fincas se encuentran libres de toda carga y gravamen y pertenecen a los espresados Pedro Juan y Ana Maria de Haro Simon por haber los heredados de su comun padre Juan Manuel de Haro Albarracin hace mas de veinte años.
[vi]
Les enfants de Juan Manuel Albarracin, étaient chacun à la tête d’un patrimoine de 775 Pesetas pour Juan et 250 Pesetas chacun pour Pedro et Ana Maria.
Les terres agricoles avaient été équitablement réparties, 250 Pesetas chacun, Juan ayant racheté la maison de 525 Pesetas.
L’équipement de ces Fincas doit faire l’objet d’un examen plus approfondi, on trouve dans le titre de propriété des éléments relatifs au rendement FARREGAS (?), et CELEMINES (mesures pour les grains à peu près 2 picotins) qui correspondent à la superficie (à vérifier)
Pedro de Haro Simon, l’homme pressé, touché par la fièvre minière :
Quatre années après le partage des biens, le 20 janvier 1890, Pedro achète pour 275 Pesetas, une maison voisine de celle de la Calle Thaona, au 19 de la Calle Hileros, et sensiblement équivalente en surface (6 pièces au rez de chaussée et une pièce à l’étage, pour une superficie de 4 m par 14)
L’acte rédigé par Juan J Nuñez Segura notaire à Vera nous donne les renseignements suivants :
Catalina Martinez Caparros, une veuve alors âgée de 55 ans, sans profession, retirée à Cuevas del Alamanzora, est le vendeur.
Elle tenait sa maison de sa grand mère Manuela Cervantes Caparros.
[vii]
(Elle est titulaire de la Carte d’Identité N° 14 du rôle numéro 2163)
L’acheteur, Pedro De Haro Simon, donc, est lui âgé de 30 ans, journalier de son état, ne possédant pas de Carte d’identité,
[viii] il est marié, nous le savons par ailleurs, à Dionisia Cervantes Carrizo née à Purchena.
Cette maison est mitoyenne de celle de Don Juan Antonio Caparros, sise Calle Luna.
Nos cousins, par mon père José Nunez Segura, Antonio Caparros Galindo et Florentina Caparros Segura y vivaient encore, lorsque nous les avons retrouvés en 1964.
Trois questions affirmations caractérisent notre arrière grand père maternel Pedro Deharo Simon :
Peut on dire qu’animé d’ une soif de revanche sur son frère Juan, Pedro De Haro Simon, simple journalier agricole, se lance avec frénésie dans les affaires ?
A 30 ans, il est en mesure de débourser au comptant, nous le supposons, les 275 pesetas en pièces d’argent pour acheter la maison de Catalina.
Il finance l’achat des actions de la Société Minière grace à la cession en contrepartie de la Finca des Cabezos Pelados estimée à 250 Pesetas.
La valeur de vente des parts achetées, n’est pas indiquée sur le titre de propiété, sauf qu’elles représentent la 1ère moitié de l’action N° 46 sur les 75 que comprend la société minière, et qu’elles sont transférables et cessibles.
Mon grand père alors âgé de 15 ans, voit son père acquérir des actions de la mine et abandonner (c’est également une supposition) son travail de journalier agricole pour se lancer dans un difficile travail d’exploration et d’exploitation de minerai.
[i] http://oran2.free.fr/plan%20oran%201952/PLAN%20ORAN%201952%20NEW%20PETIT%20FORMAT/
[ii] Andres Sanchez Picon La mineria del Levante Almeriense 1838-1930 Editorial CAJAL ALMERIA 1983 (ouvrage malheureusement epuisé)
[iii] Les richesses de la Sierra Almagrera : une grande variété de minerais dont on trouve la liste et des photos sur les sites suivants, dont la fameuse jarosite que les explorations récentes de la planète Mars ont montré qu’ elle y existait également.
http://tierra.rediris.es/jarosite/-http://www.zonaminera.net/mapa/andalucia.htm
D’après l’étude d’impact des activités minières sur les sols de la Sierra Almagrera
http://edafologia.ugr.es/Revista/tomo7tr/a217vta.htm les minerais de la sierra se trouvent en quantité comme en témoigne les 5,5 millions de tonnes de plomb extraits entre 1839 et 1915 date à laquelle l’exploitation cesse. Les études actuelles sur la qualité de l’eau mettent en évidence des traces de minerais supérieures aux normes observées en Andalousie (argent, plomb, cuivre, zinc. Par ailleurs, l’exploitation non contrôlée des mines a contribué au ravinement des sols et a favorisé le ruissellement des eaux.

[v] Donc le 16 février 1886
[vi] Cela suppose que les héritiers avaient, Ana Maria 20ans, Juan 14 ans, Pedro 6ans. Juan Manuel Albarracin disposait il de biens dont il avait fait donation de son vivant à tous ses enfants ?
[vii] Cette maison n’existe plus en l’état
[viii] Il aurait fait la démarche auprès de l’administration compétente qui lui aurait répondu ne pas pouvoir l’établir

11 décembre, 2006

DENISE HARO 1

J’ai toujours voulu écrire l’histoire de ma famille, revenir aux origines de ma propre histoire, en utilisant les souvenirs racontés par les uns et les autres.
Ce patrimoine commun, le plus souvent sujet à controverse, enrichi au fil du temps de versions complémentaires pour ne pas dire contradictoires, menacé par la disparition des anciens, se devait d’être figé pour passer à la postérité.
Cette mission que je m’étais inventée, me hantait de façon récurrente, et je me promettais, après l’avoir maintes fois reportée, de m’en acquitter dans les plus brefs délais, promesse, hélas, sans cesse trahie.
Les lieux de notre passé commun, l’Andalousie du XIXème siècle, la région minière du Nord Est d’Almeria pour être précis, la Sierra Almagrera pour l’être encore plus, sont devenus depuis la libéralisation du régime espagnol, après la mort de Franco, un sujet d’études qui a été à l’origine d’une littérature abondante.
Déjà dans les années 1960, Juan Goytisolo, avec son Campos de Nijar, avait érigé cette région en symbole de la barbarie de la guerre civile, et son périple expiatoire, m’avait familiarisé avec les lieux de vie de mes arrières grands parents.
De nombreux voyages, passés notamment à revisiter l’itinéraire qu’il décrit minutieusement, à vouloir retrouver les paysages qu’il avait contemplé, m’avaient confortés dans cette quête,
m’amenant à réunir un impressionnant matériel de photos, brochures et autres références sur le sujet.
C’est en fait la lecture attentive de documents d’état civil détenus par mes parents, qui un après midi d’été, nous avaient permis mon frère et moi de mesurer les liens qui nous unissaient à cette région, en construisant un premier arbre généalogique familial, indiquant les lieux de naissance de nos grands parents et de leurs ascendants.
La contemplation de cet arbre, son rapprochement avec les quelques photos dont nous disposions, sa confrontation avec notre connaissance des lieux, allait permettre à ce projet de prendre corps.
Les liens entre l’Espagne quittée en 1909, et l’ Algérie quittée en 1962, apparaissaient alors comme le fil conducteur de l’histoire de cette famille, permettant de comprendre ce qui avait poussé Juan Manuel Deharo Cervantes notre grand père à choisir l’immigration en y entraînant sa famille, et celle de sa belle sœur.
Une photo, celle de José et Denise, mes parents, jeunes, adossés côte à côte sur la barrière de bois de leur nouvelle propriété apparaît comme un point médian de l’histoire, une pause de bonheur retrouvé, entre deux périodes migratoires.
Sur cette photo, leurs yeux hésitent entre l’objectif du photographe, et la terre à leurs pieds. Ils échangent un regard fugitif, symbole de leur complicité, et de la confiance dans ce pays nouveau qui les accueillait.
A l’arrière plan, dans l’encadrement de la porte, la silhouette de la grand mère maternelle, Damiana, semble couver les époux dont on comprend déjà qu’ils sont chargés de l’héritage qu’elle avait implicitement accepté d’assumer en suivant Juan Manuel quelques 40 ans plus tôt.
Ma mère, le regard languide, enveloppée dans un châle de laine tricotée, mon père coiffé d’un béret noir, l’air dégagé et insouciant étaient les premiers enfants de deux familles de Vera qui avaient décidé de quitter l’Espagne pour l’Algérie.