12 décembre, 2006

DENISE HARO 2

Denise, 1ère fille de la famille Deharo Cervantes de Vera (Almeria) née en Algérie après l’émigration de ses parents
Notre mère est née le 4 juin 1914 à Oran en Algérie, au 9 de la rue de Milan.
En regardant un plan de la ville à l’époque, on apprend que la rue de Milan est dans le quartier juif et qu’elle relie la rue Friedland à la Place Blandon.
[i]
L’examen détaillé du plan de la ville, m’a permis de constater que jamais je n’avais eu l’occasion de passer par la rue de Milan.
Le périmètre de mes déambulations dans cette ville, me conduisait du quartier du port, lieu de résidence de mon parrain et de ma marraine Manuel et Carmen Gomez, à la rue d’Arzew, et à la place des Victoires.
Plus tard, j’ai connu, au 34 Rue de la Vieille Mosquée, la Clinique Cugnot, où je fus opéré de l’appendicite le 04 février 1960.
J’ai connu une autre rue de Milan, mais à Paris, près du métro Liège.
Mon employeur louait, dans les années 1980, des bureaux, précisément, au 9 de la rue de Milan.
Cet immeuble parisien du 19ème siècle, prend de ce fait, un nouvel intérêt, lorsqu’il m’arrive encore quelquefois d’y pénétrer.
Lorsque j’ interrogeai ma mère sur les conditions dans lesquelles ses parents avaient décidé de quitter l’Espagne pour l’Algérie, elle s’est montrée très diserte, et je regrettais, en l’écoutant, ne pas lui avoir posé plus tôt toutes ces questions.
Par la suite, en confrontant son récit, à la lecture d’un acte notarié de 1890, et de titres de propriété de 1886, je pense être parvenu à mieux comprendre ce qui a poussé, en 1909, mon grand père Juan Manuel De Haro Cervantes, alors âgé de 32 ans, et son frère Francisco à quitter la petite ville de Vera en Andalousie pour Ain-El-Arba en Algérie.
C’est Juan Manuel qui le premier de la famille s’est installé dans ce village où sont nés 2 générations de notre famille, entre 1909 et 1962, date à laquelle nous l’avons quitté pour la France.
Les mines du Nord Est d’Almeria creuset de nombreux flux migratoires
L’histoire commence, en fait, le 7 mars 1892 lorsque Pedro de Haro Simon, le père de mon grand père Juan Manuel, décide de faire entrer ses terrains agricoles des Cabezos Pelados dans une société minière curieusement dénommée Providencia y Amigos.
Ce comportement n’a rien de particulier dans la région entre 1825 et 1902, époque caractérisée par la fièvre minière.
L’histoire détaillée de ces ouvriers agricoles devenus mineurs est décrite par le menu dans l’ouvrage de référence de Andres Sanchez Picon, la mineria del levante almeriense.
[ii]
De nombreux écrits sur la Mine du Nord Est de la région d’Almeria nous éclairent également sur l’essor et le déclin de la région durant 60 années entre 1830 et la fin du XIXème siècle.
Pedro de Haro Simon a contribué à cet essor, ses enfants, en héritant de ses biens, n’en connaîtront que le déclin et se verront contraint de quitter la région.
La succession de Juan Manuel De Haro Albarracin
Pour compléter les éléments de contexte de données plus strictement familiales, nous disposons des copies des titres de propriété, établis par le Tribunal de grande instance de Vera, qui donnent l’état du patrimoine de Juan, Pedro, et Ana Maria, le 16 février 1886 à la mort de leur père, Juan Manuel De Haro Albarracin, notre trisaïeul.
L’héritage comportait deux types de biens ; des Fincas, exploitations agricoles de petite taille située dans la périphérie de Vera et de Cuevas del Almanzora. Principalement dans la Sierra Almagrera cette chaîne de moyenne montagne, qui regorge de minerais divers
[iii], et surplombe la mer Méditerranée entre Puerto Rey et Aguilas ; une maison d’habitation à Vera
Ana Maria (40 ans) héritait d’une Finca de 2 Ha 3 ares 91 centiares située commune de Vera aux lieux dits Cañava de Julian et Cabezos Pelados estimée à 250 Pesetas.
Juan (34 ans) héritait d’ une maison Calle Tahona N° 9, de 3.5 m de façade et de 22.5 m de profondeur, composée de 6 chambres au Rez de chaussée et d’une au premier étage, estimée à 525 Pesetas ; mais aussi d’ une Finca de 1 Ha 7 ares 32 centiares, située commune de Vera aux lieux dits Cañava de Julian et Cabezos Pelados estimée à 150 Pesetas et d’une Finca, la Garrobina, d’une superficie de 3 hectares 21 ares 97 centiares estimée à 100 Pesetas.
Pedro (26 ans) héritait de deux Fincas ; l’une de 1 Ha 68 ares 79 centiares située commune de Vera au lieu dit el Salador de los Carros estimée à 50 Pesetas et l’autre de 1 Ha 39 ares 52 centiares située commune de Vera aux lieux dits Cañava de Julian et Cabezos Pelados estimée à 200 Pesetas
On notera la différence de valeur des terrains agricoles, entre ceux qui sont situés dans la zone de minerai (Cabezos
[iv] Pelados) et ceux situés dans les zones salines (Salador de los carros) estimés cinq fois moins.
Le partage s’est essentiellement fait au profit de Juan, l’aîné des deux garçon.
Les titres rapportent que la fille aînée Ana Maria est mariée à Barnabe De Haro Garcia âgé de 50 ans. Le patrimoine de son mari explique peut être le fait qu’elle n’hérite que d’une petite part à la mort de son père.
Juan semblait plus fortuné que son frère, ou mieux initié aux affaires de son père.
Ce dernier possédait une maison et 5 fincas, un patrimoine honorable pour l’époque.
Il a d’ailleurs racheté à son frère et à sa sœur, les parts de la maison initialement mise en indivision, cela étant relaté dans les documents du Tribunal.
(y a excepcion de dos terceras partes de la casa que queda deslindada que corresponden al Juan de Haro Simon por haberlos comprado a los dicentes Pedro y Ana Maria de Haro Simon hace mas de seis meses
[v])
Une interrogation demeure, à la lecture des titres de propriété, notamment lorsqu’il est écrit :
Que la anteriores Fincas se encuentran libres de toda carga y gravamen y pertenecen a los espresados Pedro Juan y Ana Maria de Haro Simon por haber los heredados de su comun padre Juan Manuel de Haro Albarracin hace mas de veinte años.
[vi]
Les enfants de Juan Manuel Albarracin, étaient chacun à la tête d’un patrimoine de 775 Pesetas pour Juan et 250 Pesetas chacun pour Pedro et Ana Maria.
Les terres agricoles avaient été équitablement réparties, 250 Pesetas chacun, Juan ayant racheté la maison de 525 Pesetas.
L’équipement de ces Fincas doit faire l’objet d’un examen plus approfondi, on trouve dans le titre de propriété des éléments relatifs au rendement FARREGAS (?), et CELEMINES (mesures pour les grains à peu près 2 picotins) qui correspondent à la superficie (à vérifier)
Pedro de Haro Simon, l’homme pressé, touché par la fièvre minière :
Quatre années après le partage des biens, le 20 janvier 1890, Pedro achète pour 275 Pesetas, une maison voisine de celle de la Calle Thaona, au 19 de la Calle Hileros, et sensiblement équivalente en surface (6 pièces au rez de chaussée et une pièce à l’étage, pour une superficie de 4 m par 14)
L’acte rédigé par Juan J Nuñez Segura notaire à Vera nous donne les renseignements suivants :
Catalina Martinez Caparros, une veuve alors âgée de 55 ans, sans profession, retirée à Cuevas del Alamanzora, est le vendeur.
Elle tenait sa maison de sa grand mère Manuela Cervantes Caparros.
[vii]
(Elle est titulaire de la Carte d’Identité N° 14 du rôle numéro 2163)
L’acheteur, Pedro De Haro Simon, donc, est lui âgé de 30 ans, journalier de son état, ne possédant pas de Carte d’identité,
[viii] il est marié, nous le savons par ailleurs, à Dionisia Cervantes Carrizo née à Purchena.
Cette maison est mitoyenne de celle de Don Juan Antonio Caparros, sise Calle Luna.
Nos cousins, par mon père José Nunez Segura, Antonio Caparros Galindo et Florentina Caparros Segura y vivaient encore, lorsque nous les avons retrouvés en 1964.
Trois questions affirmations caractérisent notre arrière grand père maternel Pedro Deharo Simon :
Peut on dire qu’animé d’ une soif de revanche sur son frère Juan, Pedro De Haro Simon, simple journalier agricole, se lance avec frénésie dans les affaires ?
A 30 ans, il est en mesure de débourser au comptant, nous le supposons, les 275 pesetas en pièces d’argent pour acheter la maison de Catalina.
Il finance l’achat des actions de la Société Minière grace à la cession en contrepartie de la Finca des Cabezos Pelados estimée à 250 Pesetas.
La valeur de vente des parts achetées, n’est pas indiquée sur le titre de propiété, sauf qu’elles représentent la 1ère moitié de l’action N° 46 sur les 75 que comprend la société minière, et qu’elles sont transférables et cessibles.
Mon grand père alors âgé de 15 ans, voit son père acquérir des actions de la mine et abandonner (c’est également une supposition) son travail de journalier agricole pour se lancer dans un difficile travail d’exploration et d’exploitation de minerai.
[i] http://oran2.free.fr/plan%20oran%201952/PLAN%20ORAN%201952%20NEW%20PETIT%20FORMAT/
[ii] Andres Sanchez Picon La mineria del Levante Almeriense 1838-1930 Editorial CAJAL ALMERIA 1983 (ouvrage malheureusement epuisé)
[iii] Les richesses de la Sierra Almagrera : une grande variété de minerais dont on trouve la liste et des photos sur les sites suivants, dont la fameuse jarosite que les explorations récentes de la planète Mars ont montré qu’ elle y existait également.
http://tierra.rediris.es/jarosite/-http://www.zonaminera.net/mapa/andalucia.htm
D’après l’étude d’impact des activités minières sur les sols de la Sierra Almagrera
http://edafologia.ugr.es/Revista/tomo7tr/a217vta.htm les minerais de la sierra se trouvent en quantité comme en témoigne les 5,5 millions de tonnes de plomb extraits entre 1839 et 1915 date à laquelle l’exploitation cesse. Les études actuelles sur la qualité de l’eau mettent en évidence des traces de minerais supérieures aux normes observées en Andalousie (argent, plomb, cuivre, zinc. Par ailleurs, l’exploitation non contrôlée des mines a contribué au ravinement des sols et a favorisé le ruissellement des eaux.

[v] Donc le 16 février 1886
[vi] Cela suppose que les héritiers avaient, Ana Maria 20ans, Juan 14 ans, Pedro 6ans. Juan Manuel Albarracin disposait il de biens dont il avait fait donation de son vivant à tous ses enfants ?
[vii] Cette maison n’existe plus en l’état
[viii] Il aurait fait la démarche auprès de l’administration compétente qui lui aurait répondu ne pas pouvoir l’établir

3 commentaires:

lucienne hugues suet a dit…

j'ai lu avec plaisir votre recherche généalogique très intéressante.j'ai toujours eu beaucoup d'estime pour votre famille.au mois de mai je suis allée,moi aussi à la source de mes ancêtres en Italie romane et c'est très émotionnel.j'ai beaucoup aimé votre livre le chemin de l'oued.j'étais plongée en plein dans l'athmosphère de mon village .affectueux souvenirs à votre maman lucienne hugues suet.

Anonyme a dit…

BON DEPART

Anonyme a dit…

Hi there! I realize this is sort of off-topic but I had to ask.
Does building a well-established website like yours take a massive amount work?
I am completely new to operating a blog however I do write in my journal every
day. I'd like to start a blog so I will be able to share my personal experience and thoughts online. Please let me know if you have any kind of suggestions or tips for new aspiring bloggers. Appreciate it!

Feel free to surf to my blog ... click here